PrettyLittleThing, Boohoo ou Cider : la fast-fashion semble avoir encore de beaux jours devant elle. Elle devient même ultra : l’extrême d’un modèle à bout de souffle. L’optimisation à outrance. La compression maximale des prix et de la qualité. L’éphémère démesuré. L’instantanéité et l’achat compulsif. Ces marques prospèrent, au détriment de notre avenir, en séduisant en priorité de jeunes consommateurs et consommatrices.
Elles sont le reflet d’un consumérisme exacerbé, à mille lieues des enjeux de notre génération. En témoigne le succès vertigineux de Shein, le géant chinois qui propose chaque jour plus de 5000 nouveautés et qui devrait dépasser, selon les prévisions optimistes, les 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2025. Des jupes à 5 euros, des vestes à 11 euros, des sweats à 5 euros : la collection évolue en permanence, et les tarifs semblent complètement décorrélés de toute réalité.
Pourquoi refuser l’ultra fast-fashion ?
Plusieurs raisons nous ont poussés à refuser systématiquement ces marques pour une revente en seconde main au sein de notre boutique. La première : l’absence de durabilité des produits. C’est un fait : nous sommes face à des pièces de piètre qualité, qui ne résistent en rien à l’épreuve du temps. Parce que nous prenons soin de nos clients, nous cherchons à leur garantir des vêtements qui pourront les accompagner dans la durée, au moins quelques années.
En quoi la seconde main est incompatible avec l’ultra fast-fashion ?
Il nous paraît dès lors inconcevable de leur proposer des pièces fabriquées à la volée, dans des conditions déplorables et sans le moindre souci du détail. C’est d’autant plus vrai qu’acheter en seconde main revient à s’inscrire dans le prolongement d’une histoire, dans un cycle. Il s‘agit d’un engagement, d’une manière de concevoir notre société et notre avenir. De fait, il nous semble totalement incongru et incohérent d’intégrer ces marques à nos portants.
La seconde main comme pansement morale des consommateurs ?
Second point. Nous ne voulons pas devenir les cautions d’un système qui dysfonctionne. La seconde main est parfois perçue comme un pansement moral, une solution pratique pour permettre au consommateur de se dédouaner : acheter n’importe quoi sans réfléchir, puis le revendre quelques semaines plus tard, par lassitude précipitée, sans avoir l’impression d’avoir un impact conséquent et destructeur sur la planète et ses ressources. Puis recommencer, inlassablement.
Quelles valeurs voulons-nous vous véhiculer grâce à la seconde main ?
Nous ne voulons pas devenir l’estuaire de la fast-fashion et de ses vêtements par millions, comme nous n’avons pas vocation à devenir le réceptacle d’une mode pernicieuse, qui détruit notre planète, exploite intensément les ressources et néglige les travailleurs. Par notre volonté de ne plus commercialiser ces marques en seconde main, nous espérons sensibiliser le consommateur•rice. Avoir une opportunité de lui expliquer nos raisons, les dégâts causés par ces marques et la responsabilité que nous avons tous avant de sortir notre carte bleue.
Comment choisissons-nous nos produits ?
Enfin, un autre point nous a amenés à prendre cette décision : nous préférons l’intemporalité, les vêtements qui racontent une histoire et traversent les époques. Des pièces qui témoignent d’une période, et qui l’incarnent. La mode que nous défendons se veut le reflet d’un engagement et d’une passion. Nous voulons, par conséquent, présenter des pièces qui reflètent notre vision, et qui valorisent notre mission : permettre à chacun et chacune de mieux consommer la mode, et promouvoir une économie circulaire, qui maximise la durée de vie des vêtements et les recycle lorsqu’ils arrivent à la fin de leur cycle d’existence.
Et là encore, avec les marques d’ultra fast-fashion, nous sommes loin du compte. La médiocrité des matières nous empêche non seulement de garantir une tenue du vêtement dans le temps, mais également de favoriser leur utilisation dans le cadre de projets de recycling ou d’upcycling.
Comment contribuer à une mode plus vertueuse ?
Par conséquent, notre décision est claire, logique et définitive. Elle est le fruit de nos valeurs, de notre vision, de nos ambitions. Elle traduit notre inlassable quête : contribuer à une mode plus vertueuse, qui produit moins, mais mieux pour satisfaire les attentes de consommateur•rice•s raisonné•e•s. Nous pensons la seconde main comme le prolongement d’une conviction. Nous nous inscrivons aussi dans la continuité de marques engagées, qui prennent soin de donner vie à des vêtements de qualité, qui durent dans le temps.
En d’autres termes, nous sommes la liaison entre le neuf et l’ancien, entre le présent et le passé. Entre des consommateurs et consommatrices aux envies complémentaires et aux évolutions croisées. La Belle Armoire, c’est avant tout ça : une belle histoire, des vraies rencontres, une ode à l’authenticité, à la rareté et à la singularité. En somme, cela se traduit par le plaisir indescriptible que nous avons lorsque nous partageons nos découvertes. Cette magie, qui opère chaque jour, est à mille lieues de la logique d’une fast-fashion prolifique et frivole, profondément fade et destructrice.