Juillet 2023. Tout est parti d’une annonce, d’une nouvelle qui a ravi les adeptes de l’économie circulaire, de la seconde main et d’une mode plus responsable. Cet été, Bérangère Couillard, secrétaire d’État à la Transition écologique, a en effet dévoilé les coutures d’un plan d’action destiné à favoriser l’économie circulaire et à repenser les logiques actuelles de l’industrie du textile.
Un nouveau bonus pour faire réparer vos vêtements
Au cœur du dispositif présenté, un bonus réparation pour encourager les citoyens et citoyennes à faire réparer leurs vêtements et leurs chaussures. Le principe est simple : des aides allant de 6 à 25 euros pour pousser les consommateurs et consommatrices à repenser leur relation à la mode et à maximiser la durée de vie de leurs pièces. De nouveaux réflexes pour un nouveau monde. Seulement, pour que ce programme soit incitatif, « il faut que le prix de la réparation soit inférieur à un tiers du prix de rachat », insiste Bérangère Couillard.
Quels sont objectifs de ce bonus réparation ?
Cette mesure a un double objectif : sensibiliser chacun et chacune aux enjeux, remodeler leurs habitudes, favoriser la réduction de l’empreinte écologique du secteur et créer des emplois durables sur les territoires. Ainsi, il s’agit d’une véritable invitation au changement. Jeter un vêtement pour un simple trou, une doublure endommagée ou une fermeture éclair abîmée : ces gestes font désormais partie du passé. Alors concrètement, comment va se mettre en place cette aide, qui devrait être mise en application dans les prochains jours ?
Quelles entreprises seront choisies pour réparer les vêtements ?
D’abord, un point essentiel : les artisans de proximité, les cordonniers ou les ateliers de réparation devront en premier lieu se faire labelliser par l’éco-organisme Refashion. Il s’agit de la condition sine qua none pour permettre aux consommateurs et aux consommatrices d’intégrer le dispositif et de bénéficier, in fine, de la remise appliquée directement sur la facture. Pour les autorités, c’est également une manière de garantir, par procuration, la pertinence et la compétence des entreprises agréées et actives sur la question.
Quels sont les moyens déployés pour cette initiative ?
De fait, un fonds de 154 millions d’euros sera mis en œuvre sur cinq ans, entre 2023 et 2028, pour soutenir cette initiative et favoriser un impact conséquent et mesurable. Seule condition au déploiement de cette initiative : réunir 500 professionnels labellisés pour garantir un maillage territorial suffisant et permettre à chaque conso-citoyen•ne de pouvoir bénéficier du dispositif.
En France combien de vêtements sont dévalorisés ?
C’est un premier pas vers le mieux. Cette initiative est en effet indispensable, compte tenu de la consommation actuelle dans l’hexagone. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et donnent le vertige. En France, 3,3 milliards de vêtements, chaussures et pièces de linge de maison ont été mis sur le marché en 2022. Les Français jettent 700 000 tonnes de textile chaque année. 68% de nos vêtements dorment inlassablement dans nos placards.
Pourquoi faut-il changer radicalement l’industrie de la mode ?
Par conséquent, il apparaît essentiel d’envisager autrement notre rapport au vêtement. D’en prendre soin. De faire en sorte de maximiser sa durée de vie pour, in fine, réduire la production de textile, à l’origine de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. À cette allure, d’ici peu, l’industrie textile pourrait devenir la deuxième plus polluante en France. Nos eaux. Notre air. Nos terres. L’impact du secteur est aujourd’hui laborieux. En témoigne une donnée clé : la production de textile utilise 4% de l’eau potable disponible dans le monde. Pareille situation oblige à un changement radical.
Bientôt de nouvelles lois vertueuses pour la mode ?
Nous devons nous montrer ambitieux. C’est dans cette optique que le gouvernement envisage d’en complément d’aller encore plus loin, avec la mise en œuvre de deux autres mesures pour informer le consommateur•rice et lui permettre de raisonner ses achats. Sur la feuille du ministère, dans le cadre de la loi Agec, se trouve notamment : la mise en place d’un éco-score pour le textile d’ici 2024 et l’obligation d’inclure, pour toutes les marques avec un chiffre d’affaires d’au moins 50 millions d’euros, un QR Code sur leurs vêtements afin de garantir leur parfaite traçabilité. Le consommateur•rice devra ainsi avoir facilement accès à plusieurs informations : les principales opérations de fabrication, la présence de matière recyclée, la présence de fibres microplastiques et la recyclabilité.
Une initiative qui ne limite pas qu’à la mode
Mais cette quête du mieux consommer ne se limite pas au simple secteur de la mode. Dans le même temps, d’autres dispositifs ont vu le jour. En témoigne le bonus réparation pour faire réparer un appareil électrique ou électronique : une aide qui oscille entre 10 et 45 euros en fonction des produits, et qui invite à revoir en profondeur nos habitudes d’achat. Réparer au lieu de jeter et produire. Capitaliser sur l’existant plutôt que de mobiliser de nouvelles ressources. Nous sommes entrés irrémédiablement dans une ère nouvelle, avec une philosophie tournée vers la sobriété. Un véritable changement de paradigme s’opère.
Comment incarner une mode responsable au quotidien ?
À La Belle Armoire, nous sommes convaincus que chaque choix, chaque décision compte. À notre niveau, nous avons tous la possibilité d’agir pour permettre à notre société de tendre vers le mieux. Ainsi, nous croyons à une mode plus responsable, plus durable et plus éthique, et nous cherchons chaque jour à l’incarner en démocratisant la seconde main. Il s’agit de notre raison d’être, et nous sommes ravis de voir que les lignes bougent progressivement.
Quelle sera notre participation à ce bonus réparation ?
S’il reste encore un long chemin à parcourir pour aboutir à une industrie plus mature et à une économie vertueuse, nous nous en approchons chaque jour davantage. Ces incitations font partie de l’équation. Elles sont une pierre à l’édifice. Dès lors, au cours des mois à venir, nous mettrons nos clients en relation avec des artisans locaux lorsqu’ils voudront redonner une nouvelle jeunesse à leurs tenues d’hier et d’aujourd’hui. Chaque vêtement a le droit à une deuxième vie. C’est notre conviction de départ et la raison d’être de notre boutique de seconde main à Chambéry.